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José Luís Cortés et NG La Banda, European tour 1995

1995, quelques jours sur les routes avec "NG La Banda" qui était, à cette époque, l'exemple type de l'évolution de la musique cubaine. Une occasion de découvrir une œuvre contemporaine, nourrie de deux siècles d'histoire musicale extrêmement riche et diversifiée. Les membres de "NG La Banda" ne cessent jamais de puiser à toutes leurs racines, celles de l'Afrique, celles de l'Europe, celles des Amériques et celles, bien évidemment, de Cuba. Un groupe qui embrasse et enjambe les barrières musicales.

NG La Banda, a été fondé le 4 avril 1988 par José Luis Cortés. Le groupe est né après un long travail discographique qui a réuni, entre 1985 et 1987, les meilleurs musiciens de l'île. Fort de cette expérience, José Luís Cortés a voulu trouver un nouveau concept. Il a conçu un son, la "Timba cubana". Les musiciens, qui allaient devenir officiellement la première version de NG La Banda en 1988 ont accompagné le chanteur de Los Van Van, Pedrito Calvo Rojas, sur son disque solo intitulé Boléros (EGREM 1987).

José Luis Cortés est né le 5 octobre 1951. Diplômé du conservatoire de musique de La Havane, il est à la base de la fondation du groupe Los Van Van et a été flûtiste au sein du d'Irakere.

Irakere a permis le retour du jazz dans l'île. Après la Révolution cubaine et suite à une pression du ministre de la Culture de l'URSS en visite à La Havane, le jazz est étiqueté de musique impérialiste et est banni ainsi que la cymbale de la batterie. Décrétée comme musique "capitaliste", jouer le jazz sur la plus grande île des Caraïbes était devenu risqué jusqu'en 1973, date de création d'Irakere. Le groupe était composé de talent comme Chucho Valdes (directeur), Paquito de Riviera, Arthuro Sandoval… Les membres détenaient un passé très jazzique. Ils cachaient ce style par le tambour africain, instrument musical traditionnel. Le mélange des accords de twist, de musique populaire et du jazz, restituait une écriture hybride. Irakere voulait remettre sur les rails la prolifération des styles musicaux des années cinquante mais surtout redonner vie aux descargas (jam session) en pleine expansion dans les nuits havanaises de cette époque. Ils ont si bien réussi qu'actuellement les autorités cubaines organisent chaque année, quand elles le peuvent pour des raisons économiques, un festival de jazz à La Havane.

Le passage comme membre à part entière d'Irakere, l'inspiration apportée par de prestigieux groupes et musiciens comme Pachito Alonso, Erniliano Salvador, Nico Saquito… complètent les connaissances de José Luís Cortés et lui offrent la nécessaire formation pour tenir la direction de NG La Banda. Ses qualités d'arrangeur et de compositeur l'entraînent à fonder son travail sur un traitement original de la matière sonore et une mise en valeur du rythme. Chaque membre du groupe est pourvu d'une grande expérience vécue au sein du monde musical cubain. Ce foisonnement de talent produit un style puissant dont l'ensemble à hériter pleinement. Ils offrent un balancement rythmique vivant et souple dans la création et l'exécution des compositions. La section rythmique est constituée de Guillermo Amores Silveiras au guiro et à l'agogo, de Pablo Cortés Gonzales aux bongos, aux timbres et aux claves, de Juan Nogueros Jordan aux congas. Elle est portée par Calixto Oviedo Mulens à la batterie. Il a été un des premiers à remettre cet instrument dans la musique cubaine contemporaine. Outre une batterie classique, Calixto Oviedo Mulens a développé sa sonorité idéale en y ajoutant ou en modifiant les cymbales, les timbales et les timbres.
Feliciano Arongo Noa complète la section avec une basse à six cordes. Elle lui permet de voyager entre la rythmique et l'harmonique.

La section des cuivres est composée de Rafael "Jimmy Jenks" Jimenez au saxophone ténor, de Rolando Perez Perez au saxophone alto, de Elpido Chapotin Delgdo à la trompette et de José Miguel "El Greco" Crego à la trompette, au cornet et au trombone à pistons. L'emploi parcimonieux de ces deux derniers instruments sert à descendre le son aigu des cuivres utilisés par NG La Banda. La flûte de José Luís Cortés se décroche des cuivres pour s'envoler plus haut. Le piano est exécuté dans un style latin pur par Rodolfo Argudin Peruchin Nieto. Miguel Angel de Armas joue sur un clavier électronique SY 99 Yamaha afin d'accéder à une tonalité plus actuelle.

Au chant, José Luis Cortés est entouré de Mario Mena Perez et de Francisco Antonio Cala. Ils apportent la puissance nécessaire aux mélodies afin d'inciter à la danse. Les paroles tournent en dérision les problèmes journaliers de la vie à Cuba et du bien-être du peuple à la croyance en la Santeria, évoquent l'attachement à leur pays ou, tout simplement, parlent d'amour, d'oubli et d'espoir. Quoi de plus naturel pour ces musiciens que d'inviter leur public à se communier sur les rythmes chauds de la salsa afro-cubaine!

Le rythme enlacé par la sonorité créatrice de NG La Banda, une sonorité d'avant garde où se mêlent à la salsa, le rap, le jazz et le rock. Un son novateur, nommé la Timbra Cubana. Dans les années 90, elle a fait évoluer la musique cubaine. A cette époque, de jeunes groupes cubains comme "Opus 13" mélangent le rap à l'harmonie et aux accords inventés par José Luis Cortes et la NG La Banda; ou encore Issac Delgado, qui fut à l'origine la seconde voix de la banda et remplacé par Mariano Mena Perez au début des années 90. À peine sorti, I. Delgado enregistre sous la direction du pianiste Gonzalo Rubalcaba une salsa nourrie par la Timba de la Banda. Bon nombre de musiciens cubains se sont reliés à cette sonorité et aux rythmes enflammés. NG La Banda a ouvert des portes à la propagation de leur culture à travers les ondes. Par la créativité et le sens de l'harmonie et de l'esthétisme. José Luis Cortes et sa bande ont élargi le champ de la musique phare du continent latino-américain, qu'est la Salsa cubaine. José Luis Cortes "El Tosco" est considéré comme un artiste musical cubain majeur. Avec NG La Banda ils poursuivent toujours leur évolution en continuant à créer, à produire, à enregistrer et à jouer.

Plus d'informations sur nglabanda.net.

Reportage réalisé en 1995.

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